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Blogue des stagiaires

Traverser les frontières : mieux comprendre l’équité mondiale et les particularités des Philippines

Crédit : Przemek Pietrak via CC-BY 3.0 - globalquiz.org/en/quiz-image/philippines-from-space/
Le Programme de stage internationaux pour les jeunes d’Alternatives est une occasion pour moi de traverser les frontières pour mieux comprendre les enjeux aux Philippines en matière de droits humains, de droits environnementaux et du renforcement des droits numériques de la société civile de ce pays. C’est aussi une manière de mieux cerner les importantes différences entre deux pays d’Asie que sont la Chine et les Philippines, alors que j’ai grandi dans une famille et une culture issues du  « pays du milieu ».

Ayant grandi dans une famille conservatrice et stricte, les discours sur la diaspora asiatique étaient souvent centrés sur les pays développés tels que la Chine, le Japon et la Corée. Par opposition, je suis intriguée par la culture, la nourriture, le mode de vie, les traditions et les pratiques des Philippines. Je sais que ce pays partage certaines similitudes avec la Chine, mais je suis intéressée à mieux cerner les particularités de ces deux régions. Je cherche à approfondir mes connaissances sur les écarts entre leurs histoires d’immigration, d’exploitation, de colonialisme, d’exclusion et de discrimination afin de mieux comprendre les processus inégalitaires inhérents à la mondialisation.

Mes premiers souvenirs d’enfance remontent à l’ouest de l’île de Montréal, un quartier majoritairement anglophone de Montréal, où mon frère et moi avons pris l’initiative de franchir les barrières culturelles auxquelles nous étions confrontés en tant que famille. Pour le meilleur et pour le pire, j’ai intériorisé certains stéréotypes asiatiques, tout en m’efforçant de combattre les micro-agressions auxquelles nous étions confrontés. Le fait d’ignorer certains commentaires et d’apprendre à intervenir lorsque cela s’avérait nécessaire m’a appris des valeurs me permettant d’être une personne résiliente, capable de résoudre des problèmes et pleine de ressources au sein de l’équipe de mon travail actuel. Rétrospectivement, ces circonstances m’ont permis de développer une personnalité empathique, capable de défendre la représentation des voix marginalisées. C’est pourquoi je suis particulièrement motivée à apporter et à inspirer des changements dans le domaine de la justice sociale.

Je comprends également ce désir fervent de m’aventurer dans des coins inexplorés du globe comme une continuité du courage de mes parents qui ont quitté leur ville d’origine, Pékin, en Chine, en 1999, pour construire une nouvelle vie à Montréal, au Canada. Poursuivant dans cette lignée, j’ai su que je voulais participer à un programme d’échange lorsque je suis arrivée à l’Université McGill à l’automne dernier. En suivant mon baccalauréat en économie, sciences politiques et sociologie, j’ai pris conscience que notre système économique actuel, de par ses fondements, entrave la répartition équitable des richesses, renforce les inégalités sociales et accélère la dégradation de l’environnement à un rythme alarmant.

L’opportunité d’effectuer un stage de quatre mois aux Philippines, un pays où je n’ai jamais mis les pieds, tout en combinant mes activités professionnelles, suscite en moi une excitation inébranlable. J’ai pris conscience pour la première fois des problèmes liés à l’utilisation des technologies en Asie l’année dernière, dans le cadre d’un cours sur l’éthique des médias. Depuis, je suis déterminée à mieux comprendre les nombreux problèmes liés aux espaces numériques. En tant que journaliste en herbe, j’aimerais apporter ma pierre à l’édification d’une société civile Philippines mieux outillée pour faire face aux cyberattaques visant les sites web gouvernementaux et les violations massives de données qui portent atteinte aux droits des citoyen∙nes. Ayant pour mandat de soutenir les organisations et les acteurs et actrices du développement dans la promotion et la défense des droits des citoyens et citoyennes à accéder librement à l’information, je suis impatiente de m’attaquer aux projets de la Fondation pour les médias alternatifs et faire avancer sa mission de défense de la démocratisation des TIC dans le cadre de ses efforts de renforcement des modèles de développement durable.

Je suis fortement convaincue que la réalisation d’un stage à l’étranger m’apportera l’approche universelle et l’expérience terrain qu’une salle de classe ne peut offrir à elle seule. Étant donné que les pays abordés dans un cours de sociologie ou de politique commerciale sont souvent enseignés dans une perspective « nous contre eux », je me sens investie par la nécessité de me rendre sur le terrain de la recherche, d’interagir avec les communautés locales et confronter mes propres préjugés. Je ne doute pas que cette chance de jouer un rôle dans un contexte international permettra d’approfondir ma compréhension des inégalités mondiales qui imprègnent nos sociétés, mais qui sont invisibilisées dans les manuels et le matériel académiques.