Depuis une quinzaine d’années, la demande croissante à l’échelle internationale pour les ressources naturelles et la reprise du prix des minerais sur les marchés internationaux ont favorisé l’essor du secteur extractif. Mais les coûts de cette ruée vers les métaux précieux sont considérables, surtout pour les communautés qui vivent près des mines. Comme l’affirme le Représentant spécial du Secrétaire général chargé de la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises, John Ruggie, les industries extractives représentent le plus important secteur privé où les violations de droits de la personne sont commises. Une tendance qui ne fait que s’aggraver.
Encouragées par de généreux stimulants financiers et une réglementation laxiste qui n’exigent d’elles aucune garantie en matière de droits de la personne, aujourd’hui environ 75 % des sociétés d’exploration et d’extraction minière du monde ont leur siège social au Canada. L’Amérique latine est devenue une destination privilégiée pour les minières canadiennes. Quelque 230 entreprises canadiennes se partagent des actifs estimés à plus de 50 milliards de dollars. En dépit de leurs promesses de prospérité, ces compagnies détiennent un bien triste bilan au chapitre du développement durable, économique et social.
Dans plusieurs pays d’Amérique centrale, les activités extractives des entreprises transnationales menacent les écosystèmes locaux et portent atteinte aux droits de la personne.
« Les grandes minières fomentent la division et la violence dans les communautés, particulièrement là où les institutions publiques et le système judiciaire sont faibles », explique Oscar Conde de l’organisation guatémaltèque Madre Selva. L’Observatoire des conflits miniers en Amérique latine (Ocmal), un réseau qui réunit des groupes citoyens et des collectivités autochtones touchés par les opérations minières commerciales en Amérique latine, dénombre actuellement 206 conflits liés à l’exploitation minière dans la région, affectant quelque 311 communautés. Sur l’ensemble de ces conflits, près de la moitié impliquent des sociétés canadiennes.
Le programme
En 2014, Alternatives et ses partenaires ont mis en place un programme pour renforcer les droits des communautés touchées par les industries minières au Guatemala, au Nicaragua et au Salvador. Dans un premier temps, ce programme soutient le travail des organisations de la région afin de réformer les codes miniers nationaux, améliorer la réglementation des entreprises transnationales et protéger les droits des femmes et des hommes dont la vie est touchée par les activités minières. De plus, il fournit un appui direct aux communautés affectées sous forme de ressources financières, techniques et matérielles et facilite leur accès aux mécanismes de justice.
Les objectifs
Le but ultime du projet est de renforcer le respect des droits de la personne dans les communautés touchées par les activités extractives au Guatemala, au Nicaragua et au Salvador. Plus spécifiquement, le projet vise à :
- Renforcer le plaidoyer pour les droits sociaux, économiques, culturels et environnementaux des femmes et des hommes touchés par les industries extractives.
- Élargir la participation et l’influence des populations ciblées dans la gestion de leurs ressources et le développement social et économique de la région.
Le public ciblé
- Les populations locales touchées par les activités extractives, notamment les communautés autochtones qui jouent un rôle clé dans la défense des droits environnementaux. Ces populations n’ont souvent pas les ressources, l’information, les capacités techniques et l’appui institutionnel pour avoir gain de cause en face des industries extractives. Il est donc important de les informer et de les former sur les droits de la personne, sur la légitimité de leurs revendications et sur les techniques permettant de documenter la violation de leurs droits.
- Les associations locales qui luttent pour les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux. En l’absence de mécanismes de contrôle étatique sur les industries extractives, le travail mené par les associations locales est essentiel pour surveiller les activités extractives, informer les populations affectées et mener un plaidoyer auprès des autorités locales et des instances internationales pour les droits sociaux, économiques, culturels et environnementaux. Mais les membres de ces organisations de même que leurs familles sont souvent menacés et leur travail est entravé par ceux qui défendent les investissements miniers.
- Les Journalistes : Dans la région des Amériques, les journalistes et les professionnels des médias sont très souvent attaqués en raison de leur travail sur des questions environnementales et foncières.
- Les travailleurs et travailleuses dans le secteur extractif, souvent confiés à la sous-traitance et sans contrat de travail. Dans le secteur minier, les conditions de travail sont pénibles et intenses, les taux de syndicalisation très faible et les travailleurs qui cherchent à s’organiser sont souvent intimidés et harcelés.
Nos partenaires
Centrale sandiniste des travailleurs du Nicaragua (CST)
Organisation syndicale représentant quelque 60 000 travailleurs, la Centrale sandiniste de travailleurs du Nicaragua (CST) a comme mission de défendre et de représenter des travailleurs et travailleuses syndiqués, principalement des travailleurs du secteur des Maquiladoras, de la fonction publique, du commerce, de la construction, de la santé, de l’éducation et du secteur minier. Son mandat est de négocier les conventions collectives, la représentation devant les autorités pertinentes, la formation et la mobilisation de ses membres.
Le Centre de recherche sur l’investissement et le commerce (CEICOM)
Le Centre de recherche sur l’investissement et le commerce (CEICOM) se spécialise dans les conflits transnationaux, en proposant des analyses, en concevant des outils d’éducation et de sensibilisation sur les impacts des investissements miniers au Salvador et en faisant campagne à l’échelle nationale, régionale et internationale pour le respect des droits socioéconomiques, culturels et environnementaux. Le CEICOM mène actuellement un travail visant à sensibiliser les communautés et les organisations vivant près de la frontière entre le Guatemala et le Salvador sur l’impact du projet minier Cerro Blanco.
Madre Selva
Fondé en 1996, le collectif Madre Selva lutte pour la préservation de l’environnement au Guatemala. Son objectif est d’informer et d’accompagner les populations afin qu’elles puissent opposer une résistance pacifique aux entreprises qui briment les droits socio-environnementaux de la population.
Les campagnes du collectif portent notamment sur l’accès à l’eau, l’exploitation minière et la protection des mangroves, mais aussi la protection du bassin versant du Rio Quiscab dans la région Est du Guatemala.
Madre Selva travaille avec les communautés, les écoles et les municipalités.