Le mardi 7 juin, le roi Philippe de la Belgique est arrivé en République démocratique du Congo pour une visite historique de six jours.
Le monarque belge était accompagné de son épouse la reine Mathilde, du Premier ministre belge et de deux autres ministres. Cette visite est le fruit d’une lettre envoyée par le roi Philippe au président congolais Félix Tshisekedi en 2020, à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance de l’ancienne colonie, dans laquelle il exprimait ses plus profonds regrets pour les blessures du passé.
Le couple royal a commencé sa visite dans la capitale Kinshasa où le Roi Philippe a tenu un discours devant le parlement et a une fois de plus exprimé ses regrets pour le passé colonial de la Belgique. Il a déclaré que « Ce régime était celui d’une relation inégale, en soi injustifiable, marqué par le paternalisme, les discriminations et le racisme. Il a donné lieu à des exactions et des humiliations ». Le gouvernement congolais soutient que cette visite est une chance pour la réconciliation entre la RDC et ses anciens colonisateurs. Dans son discours, le président congolais a soutenu que « Le passé il est à la fois glorieux et triste (…), nous voulons regarder l’avenir » La visite a été accueillie avec des sentiments mitigés par la population congolaise, certains souhaitant voir une véritable analyse du passé colonial, souvent reconnu comme l’un des plus brutaux, et d’autres exigeant des excuses et des réparations pour les souffrances et les pillages dont le régime colonial était responsable.
Le roi de Belgique Léopold II est devenu le souverain absolu du Congo en 1885 à la suite de la conférence de Berlin où les puissances impériales européennes se sont partagé le continent africain. Le règne de Léopold II a été extrêmement brutal puisque quelque 10 millions de Congolais ont péri à cause de la violence, la famine et des maladies. L’un des héritages les plus reconnaissables du régime est le récit macabre du démembrement des enfants dans les villages qui ne produisaient pas assez de caoutchouc pour satisfaire le régime colonial. Le règne de Léopold II était si violent que le gouvernement belge a repris l’administration de la colonie à cause des multiples rapports de décès et d’abus.
En signe de réconciliation, le monarque belge a ramené quelques œuvres d’art qui avaient été volées pendant la période coloniale. Le couple royal a également visité Lubumbashi, la deuxième ville la plus peuplée et la deuxième plus grande économie de la RDC. Le couple royal a conclu sa visite dans la ville de Bukavu, dans l’est du pays, où il a rencontré le prix Nobel de la paix 2018 et le gynécologue Denis Mukwege. La partie est de la RDC est un ventre mou de violence politique et d’instabilité depuis 30 ans. À la suite de ces violences, le gynécologue Denis Mukwege est devenu un fervent défenseur des droits des femmes et un combattant contre la violence sexuelle et le viol utilisés comme arme de guerre.